L’univers de Füssli s’expose au musée Jacquemart André

« Les rêves sont l’une des régions les moins explorées de l’art. » Fussli, aphorisme 231. »

« Dans un temps de luxe, les femmes ont du goût, décident et imposent ».  Füssli aphorisme 226

Célèbre pour son tableau Le cauchemar, Johann Heinrich Füssli (1741-1825) prend ses quartiers d’automne au musée Jacquemart André avec l’exposition Füssli, entre rêve et fantastique. Né à Zurich et fils d’un père peintre et historien de l’art, Johann Heinrich Füssli fit des études pour devenir pasteur avant de se consacrer à sa véritable passion: la peinture. Le clair-obscur de ses œuvres, qui n’est pas sans rappeler Le Caravage, s’explique aussi par le caractère autodidacte de son apprentissage, à la lumière de la bougie car ses parents ne souhaitaient pas qu’il soit peintre. Il commença une carrière artistique assez tardivement, lors d’un premier voyage à Londres, sous l’influence de Sir Joshua Reynolds, président de la Royal Academy. Après un long séjour en Italie, au cours duquel il fut notamment fasciné par l’œuvre de Michel-Ange, il revint s’installer à Londres à la fin des années 1770.

Le rêve de la reine Catherine, 1781, huile sur toile, 151 x 212,1 cm, Lytham St Annes Art Collection
of Fylde Council © Heritage Images / Fine Art Images / akg-images

Il n’y avait pas eu d’exposition consacrée à Füssli à Paris depuis 1975 et celle du musée Jacquemart-André, Füssli, entre rêve et fantastique, montre, à travers une soixantaine d’œuvres issues de collections publiques et privées, les thèmes les plus emblématiques d’un artiste au style inclassable: les pièces de théâtre de Shakespeare et les scènes de folie, les légendes nordiques, les apparitions et la présence de femmes aux longues chevelures. Certaines œuvres rappellent Goya, peintre comme lui de la terreur. L’esthétique de Füssli est onirique et dégage une « inquiétante étrangeté »: le merveilleux côtoie le fantastique, le grotesque le sublime. Ainsi, salle 3, l’esquisse et le tableau sur un même sujet – Macbeth – permet de voir l’évolution de la pensée artistique de Füssli, le Roi se transformant en squelette.

Le Cauchemar, après 1782, huile sur toile, 31,5 × 23 cm, The Frances Lehman
Loeb, Art Center, Vassar College, Poughkeepsie, New York, photo : Frances Lehman Loeb Art Center, Vassar, Poughkeepsie, NY / Art Resource, N

Le cauchemar, présenté en fin d’exposition à côté du tableau montrant le réveil, rendit Füssli célèbre car pour la première fois on peignait ce sujet de façon profane dans l’histoire de l’art. Le cheval présent sur le tableau renvoie peut-être au jeu de mot nightmare puisque mare signifie jument en anglais. Ce tableau connut également un grand succès en raison de la présence de cette femme qui, sans conscience, s’offre au fantasme masculin. A côté de ce tableau, celui où l’incube part sur un cheval alors que la jeune femme se réveille.

Les contemporains de Füssli l’appelaient le « Suisse sauvage » et certains disaient qu’il fallait attendre 100 ans pour le comprendre. Avec l’arrivée de la psychanalyse, son œuvre évoquant parfois la force de l’inconscient n’a pas perdu de sa force.

Musée Jacquemart-André jusqu’au 23 janvier 2023

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s