Revoir Paris… et le musée Carnavalet… sous l’œil de Henri-Cartier Bresson

Je n’ai ni message ni mission, j’ai un point de vue. » Henri Cartier-Bresson

Alors que le musée Carnavalet rouvre ses portes après plusieurs années de restauration, il a choisi comme exposition inaugurale Henri Cartier-Bresson Revoir Paris. Encore Cartier-Bresson me direz-vous? Il est vrai que le photographe est à l’honneur dans la ville lumière en ce moment. Je vous ai en effet parlé ici de l’exposition que lui consacre la BNF.

Place de l’Europe, derrière la gare Saint Lazare, 1932 Collection du musée Carnavalet – Histoire de Paris © Fondation Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson Revoir Paris s’inscrit davantage dans l’histoire du musée Carnavalet avec le thème choisi « revoir Paris », qui rappelle l’exposition qui lui fut consacrée en 1984 « Henri Cartier-Bresson. Paris à vue d’œil » et le rapproche du photographe Eugène Atget (1857-1927) dont l’influence est flagrante dans les premières salles et à qui le musée consacra en 2012 une exposition dont j’avais parlé dans ce billet.

Issu d’une famille de la grande bourgeoisie, Henri Cartier-Bresson (1908-2004) n’a pas le désir de reprendre l’entreprise familiale de cotons à coudre. Il devient photographe en adoptant le Leica, un appareil léger qui lui permet de répondre à ses ambitions: composer des images sur le vif. Ainsi les photographies exposées dans les premières salles nous racontent le Paris des petits métiers et des petites gens, comme ce porteur de vitres ou cet enfant dans les baraquements boueux d’Aubervilliers, dans la veine d’Eugène Atget. En 1933 Cartier-Bresson retient plusieurs de ses premières images parisiennes pour une exposition à New-York.

Henri Cartier-Bresson Revoir Paris est également l’occasion de redécouvrir un artiste militant, proche du parti communiste, après les émeutes du 6 février 1934 afin de participer à la lutte antifasciste. Il rejoint aussi l’Association des artistes et écrivains révolutionnaires et participe, en 1935, à l’exposition «Documents de la vie sociale ». Il signe alors Henri Cartier, considérant qu’il est difficile de porter le nom d’une grande famille industrielle. Il se construit une indépendance financière en devenant assistant sur des films de Jean Renoir.

Libération de Paris , 25 août 1944 Collection Fondation Henri Cartier-Bresson © Fondation Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

L’exposition Henri Cartier-Bresson Revoir Paris permet également de revoir des photos de la Libération de Paris: le photographe parcourt la capitale en évitant les combats et photographie également les locaux abandonnés de la Gestapo. Après avoir passé trois ans en Asie de 1947 à 1950 pour l’agence Magnum, qu’il a cofondée notamment avec Robert Capa, il travaille en 1951 pour le New York Times qui lui commande un sujet sur Paris, qu’il étoffe les années suivantes afin de le proposer à d’autres magazines étrangers. Après les événements de mai 1968, qu’il couvre en montrant aussi bien les étudiants élevant des barricades ou occupant la Sorbonne que les partisans de de Gaulle, Cartier-Bresson prend ses distances avec l’agence Magnum et la presse illustrée afin de retrouver la liberté de ses débuts.

C’est à une exposition humaniste que nous convie le musée Carnavalet et, à travers les photographies de Cartier-Bresson, un Paris sensible et humain, parfois inquiet, se dévoile.

Laquelle ai-je préférée entre celle-ci et celle de la BNF? Elles diffèrent. La BNF propose en réalité cinq petites expositions à partir du même jeu de photographies, et nous fait voyager aussi bien en ex-URSS qu’en Italie. L’exposition du musée Carnavalet est centrée sur Paris, le port d’attache de l’artiste. Certaines photos sont certes les mêmes que celles de la BNF mais le visiteur voyage des baraquements des quartiers populaires à la célèbre brasserie Lipp de Saint Germain des Prés. Une cartographie sociale et humaniste de Paris.

Anne-Laure FAUBERT

Jusqu’au 31 octobre 2021

Musée Carnavalet – 23 rue de Sévigné – Paris III°

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