Autant l’écrire d’emblée, le début de l’exposition Paul Klee est triste. Noirs sont les dessins de l’artiste, sombres sont ses sentiments puisque de retour de son voyage à Rome et confronté à tant de grandeur il sombre dans la dépression et manque de se suicider.
Et l’affiche joyeuse choisie pour communiquer sur cet événement est en contradiction avec les premières salles.
Pour comprendre le titre de l’exposition, il faut repartir de l’idée du philosophe Friedrich Schlegel (1772- 1829) selon laquelle l’ironie s’entend au sens de création.
Proche de Kandisky, Paul Klee (1879-1940) est à la fois peintre, sculpteur, graveur et dessinateur. Issu d’une famille de musiciens, il est poussé par sa grand-mère maternelle vers le dessin, et ne se consacre pas à la musique par manque de confiance en lui.
On sent dans sa sculpture l’influence de Rodin et certains thèmes parcourent son oeuvre comme celui de l’ange (et notamment celui ci-dessous qui reste mon préféré de l’exposition).
On y retrouve aussi de fréquentes dénonciations du mouvement Bauhaus (comme son fils Felix), un autoportrait comme équilibriste face à ce mouvement et une prédisposition pour les machines et les automates, réminiscence de son enrôlement dans l’aviation militaire pendant la Première Guerre mondiale.
Exposé aux Arts dégénérés en 1938 par le régime nazi, Paul Klee en est comme beaucoup d’artistes profondément affecté. Sa dernière oeuvre exposée au Centre Pompidou, un ange à nouveau, nous offre une intéressante réflexion sur la condition humaine…
Paul Klee, l’ironie à l’oeuvre – Centre Pompidou – Jusqu’au 1° août 2016