Le Châtelet s’est spécialisé dans les comédies musicales de haut vol, et c’est tant mieux. Le tout Paris de la communication se pressait à la Première du 12 mars, où officiait également Jean-Luc Choplin, aux premières loges.
Mythique, Singin’ in the rain l’est à plusieurs titres : il relate les débuts du cinéma parlant en 1927 et la disparition de tout un monde lié au muet. Sa chanson « I’m singing in the rain » a bercé des générations et fait partie de notre inconscient collectif. Issue du film éponyme sorti en 1952, celui-ci eut un grand succès notamment grâce à Gene Kelly, Debbies Reynolds et Donald O’Connor. Le Châtelet l’a adapté en reprenant même la pluie qui envahit la scène à deux reprises
Sous des dehors simples – un jeune homme d’origine modeste, Don Lockwood (magnifique Dan Burton), s’éprend d’une jeune actrice Kathy Selden (Clare Halse très inspirée par son rôle!), alors que sa partenaire à la scène, Lina Lamont a des vues sur lui et fait tout pour briser la carrière de la jeune femme – cette comédie interroge sur le sens que l’on souhaite donner à sa vie, l’amour et la réussite.
Lina Lamont, star du cinéma muet, refuse de s’adapter aux nouveaux enjeux et les leçons de diction rappellent par certains aspects celles de My fair lady (cf mon billet ici). Au contraire Don et son compère Cosmo se prêtent au jeu et finissent la leçon en entrainant leur imposante professeur dans une danse cocasse. Les essais de film avec le doublage de la voix de Lina par celle de Kathy donnent lieu à de beaux fous rires.
On rit beaucoup dans cette comédie, tout comme les acteurs qui semblent y prendre un malin plaisir. Les passages dansés sont excellents, qu’il s’agisse des numéros de claquettes ou de Broadway (chorégraphie de Stephen Mear) et la mise en scène de Robert Carsen et les costumes d’Anthony Powell nous replongent dans les années 30 avec l’émancipation du vêtement féminin. On rêve un instant d’une mise en scène et de décors réalisés par des femmes, le résultat aurait été moins fantasmé par moment (danseuses sortant d’un gâteau et danses qui s’ensuivent, shorts très échancrés rappelant la poupée barbie)…