La Fondation Azzedine Alaïa nous replonge dans les années 1980
“En noir et blanc, les images du photographe (Elgort) se veulent des instantanés. Il préfère l’élan corporel à la pause éculée des mannequins. Il ouvre les fenêtres des studios, y fait rentrer la lumière et fait de la rue son théâtre. (…) “Alaïa se reconnaît d’instinct dans la nouveauté de ses images mais aussi dans leur rigueur » c’est ainsi que les commissaires de l’exposition, Carla Sozzani et Olivier Saillard, abordent la complicité des deux artistes.
Arthur Elgort est né à New York. Azzedine Alaïa à Tunis. Le premier aspire à devenir peintre et s’inscrit au collège Hunter de sa ville. Alaïa, lui, mise sur la sculpture dont il apprend les techniques à l’école des Beaux-Arts de Tunis. Aucun des deux ne se réalise dans la discipline espérée mais l’on retrouve un côté pictural dans les clichés de Elgort et une approche sculpturale dans les vêtements d’Alaïa. Leurs chemins se croisent à Paris où ils collaborent pour des magazines et se reconnaissent dans l’absence des décors. Azzedine Alaïa et Arthur Elgort façonnent la culture artistique et visuelle des années 1980. Le premier créait des robes, le second les photographiait en noir et blanc.
En faisant dialoguer les vêtements du couturier avec les clichés intemporels du photographe, l’exposition Azzedine Alaïa, Arthur Elgort. En liberté montre à la fois leur belle complicité et s’inscrit dans les expositions à voir pour les amateurs de photographie et de mode. Cette expositionreprend certains principes de l’exposition Azzedine Alaïa Peter Lindbergh en miroir dont j’ai parlé ici, en commençant par le titre. Dans le magnifique bâtiment de la Fondation Azzedine Alaïa, les vêtements de couturier se dévoilent à côté des clichés d’Elgort. On y retrouve les « supermodels » des années 1980 et 1990 et notamment Noami Campbell, très présente sur les clichés, mais également Christy Turlington, Cindy Crawford et Linda Evangelista, bougeant librement dans les vêtements de l’un et s’affirmant face à l’objectif de l’autre. J’ai particulièrement apprécié les jeux de drapés et les réinterprétations de modèles classiques ou plus transgressifs comme cet ensemble ci-dessous composé notamment d’un corset.
Au premier étage, l’exposition dédiée à Leïla Menchari (1927-2020) – son « âme sœur » et décoratrice des vitrines Hermès – se poursuit jusqu’au 12 février avec de magnifiques photos d’une femme déterminée, effrontée parfois et au chic naturel.
Anne-Laure FAUBERT
Azzedine Alaïa, Arthur Elgort. En liberté – exposition à voir jusqu’au 20 août 2023