Le ballet Dracula du chorégraphe Krzysztof Pastor au Teatr Wielki de Varsovie

Profitant d’un voyage personnel en Pologne, et notamment à Varsovie, j’ai saisi l’occasion pour voir le ballet néoclassique de Krzysztof Pastor, Dracula le 25 octobre au Théâtre Wielki.

Présenté la première fois en 2018 en Australie, sur un livret de Pawel Chynowski et une musique de Wojciech Kilar, le ballet Dracula de Krzysztof Pastor est un très grand ballet néoclassique, appelé – je l’espère – à devenir un classique du XXI°s. S’il reprend l’histoire de Dracula – de la Transylvanie au XV°s à Londres à la fin du XIX°s, le ballet en donne une interprétation sensible et grandiose à la fois, montrant à quel point – pour ceux qui en douteraient – la danse est un art complet pouvant aussi bien montrer des pas de deux amoureux que des danses orgiaques.

Dracula est interprété par deux danseurs – Vladimir Yaroschenko pour le jeune Dracula et Kristof Szabo pour le vieux Dracula. Lorsque le vampire s’abreuve de sang, le jeune Dracula se place alors derrière son aîné et pivote dans une danse rappelant les machineries et trucages de la danse baroque.

La musique et la présence des deux fantômes annoncent le danger ou la transformation d’un être humain en vampire, qu’il s’agisse de Dracula dans le Prologue, Lucy ou Renfield, et scandent ainsi le ballet, prévenant le spectateur du danger.

La demeure de Dracula reprend les codes de l’horreur sans tomber dans le kitsch : dans un décor rouge vif la dépouille d’un animal permet aux vampires de le vider de son sang, les vampires cachés sous un voile blanc s’animent dans une danse macabre avant que les femmes vampires jettent leur dévolu sur Jonathan, puis sur un bébé enlevé à sa mère. Cette horreur se retrouve dans la scène des cercueils, de l’asyle et du cimetière, instillant une peur sourde, habilement contrebalancée par les scènes de liesse dans la maison de la mère de Lucy.

Jonathan (Patryk Walczak) et Mina (Chinara Alizade) interprètent un duo amoureux solide même lorsque Mina tombe sous le charme de Dracula et comprend sa douleur. Si le duo Mina / Dracula s’avère plus sensuel et érotique que le duo Jonathan / Mina, il est voué à l’échec.

Ce ballet nous offre donc, sur un sujet qui pourrait paraître éculé, une réinterprétation moderne et flamboyante.

Anne-Laure FAUBERT

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