Je suis de la ville arabe de Tunis, des souks. Il ne faut jamais oublier d’où on sort ».

Alaïa avant Alaïa est une exposition dont le couturier avait souhaité la création quelques années avant sa disparition en 2017. Sous la direction d’Olivier Saillard la fondation Alaïa revient sur la jeunesse tunisienne du couturier, né en 1935 à Tunis, et les rencontres décisives qu’il fit alors, souvent féminines: sa sœur Hafifa, son amie Latifa Ben Abdallah, Madame Pineau, sage-femme qui l’a mis au monde et qu’il considère comme sa deuxième mère. Elle le fait entrer aux Beaux-Arts et le conforte dans sa vocation de sculpteur puis de couturier avant de gagner Paris en 1956.

A travers ces images et documents, souvent inédits, et une sélection de robes et vêtements mis en valeur derrière d’habiles paravents blancs, le visiteur découvre la jeunesse d’Azzedine Alaïa, son amitié avec la fille de l’une des figures de l’émancipation féminine tunisienne Habiba Menchari, Leïla Menchari, qui fut ensuite à la tête de la décoration d’Hermès, et notamment de ses vitrines, de 1978 à 2013. Simone Zehrfuss, épouse du grand architecte, la Comtesse Nicole de Blégiers en l’accueillant à demeure émancipent également le goût du jeune Azzedine et l’ouvrent vers les arts de son temps

Alaïa avant Alaïa met en évidence le portrait d’un couturier aussi talentueux que pudique sur ces années de jeunesse durant lesquelles pendant plus de vingt années, les femmes ont constitué sa véritable école.

J’ai particulièrement aimé les photos avec Leïla Menchari, leur complicité, leur fous rires… alors qu’à l’opposé le peintre Christoph von Weyhe semble parfois profondément songeur. Cette exposition permet également de comprendre à quel point les vêtements d’Alaïa doivent à la sculpture. Une exposition dont je suis ressortie le sourire aux lèvres…tout en m’interrogeant sur les rencontres qui contribuent au destin d’un être…
Anne-Laure FAUBERT
Alaïa avant Alaïa jusqu’au 23 octobre 2022, Fondation Azzedine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, 75004 Paris