C’est dans une scénographie épurée et didactique et par une galerie des bustes d’hommes illustres que la nouvelle exposition des Invalides, Napoléon stratège, nous accueille. Le ton est donné: Napoléon regarde les plus grands et voit grand.

Napoléon irrigue notre mémoire collective, des moules à gâteaux aux dessins animés (Dans Les Aristochats un chien s’appelle Napoléon) et les Invalides – où repose l’Empereur – ont déjà présenté plusieurs expositions sur l’Empereur: Napoléon à Sainte-Hélène et Napoléon et Paris : rêves d’une capitale mais n’avait jamais abordé la question de la stratégie.

Cette exposition nous permet de comprendre comment Napoléon est devenu celui qu’il est resté, dès ses premières batailles.
On apprend ainsi que si le mot stratégie est d’origine militaire et apparaît au XIX°s, celui de stratège – celui qui prépare, organise, coordonne, et dirige une opération militaire en vue d’atteindre un objectif politique – existe déjà sous l’Antiquité grecque. Napoléon emploie ce mot à Sainte Hélène même s’il lui préfère celui de « grande tactique ». Formé à la fin du siècle des Lumières le jeune Bonaparte, futur artilleur, apprend le métier des armes à l’Ecole royale militaire de Brienne-le-Château puis à Paris, où il étudie notamment l’art de la guerre. Il en retient toutefois une idée de la guerre conçue comme mouvement et non comme des sièges à mener, et une certaine idée de la guerre, celle d’une Armée contre une autre Armée, ce qui lui cause des déboires en Prusse, Espagne et Russie lors des soulèvements populaires. “L’art de la guerre consiste, avec une armée inférieure, à avoir toujours plus de forces que son ennemi sur le point que l’on attaque, ou sur le point qui est attaqué.
Sa stratégie repose en outre sur 3 piliers:
- il communique sur le terrain: la stratégie opérationnelle
- Il décide des objectifs militaires: c’est un chef militaire
- il décide des objectifs politiques: c’est un chef de l’Etat
Il s’occupe ainsi à la fois des détails et de la stratégie. Une campagne est un objectif politique décidé puis mis en œuvre et la pensée politique prime sur le militaire.
Tenez-vous strictement aux ordres que je vous donne ; exécutez ponctuellement vos instructions ; que tout le monde se tienne sur ses gardes et reste à son poste ; moi seul, je sais ce que je dois faire !”
C’est cependant cette conception très hiérarchique des rôles qui va causer progressivement sa perte, tout comme une nécessité d’accumuler les victoires pour se maintenir au pouvoir. La scénographie rend compte de cette spirale où, progressivement, défaites et trahisons se succèdent. Napoléon n’a en outre jamais su faire la paix et ses réformes, certes progressistes, ne sont pas toujours vues d’un bon œil par les populations étrangères.
« Cela devient grave, je bats toujours les Russes, mais cela ne termine rien » déclare Napoléon à Caulaincourt.
La dernière salle permet de comprendre la postérité de Napoléon sur les militaires et dirigeants français comme de Gaulle, américains comme Eisenhower…et ce jusqu’à aujourd’hui. Une exposition qui devrait en inspirer plus d’un…
Anne-Laure FAUBERT