C’était le joker de mon abonnement au Théâtre des Champs Elysées… Teshigawara, chorégraphe et danseur japonais, ne crée pas des œuvres d’un abord facile.
Je l’avais vilipendé – ce qui est très rare sur ce blog – lors de Darkness is hiding black horses au Palais Garnier (voir ce billet) et avait trouvé sa création sur Solaris au TCE cette année très intéressante (voir ici) car profonde et déroutante.
Mirror and music (2009) traitent de sujets compliqués puisque le miroir et la musique n’existent pas dans la réalité. Ils reflètent et démultiplient notre imagination ou notre vision et nous donnent à voir et à entendre des images et des sons auxquels on ne penserait pas de prime abord.
Alors comment aborder l’ineffable?
Copyright: Théâtre des Champs Elysées
Sur ce postulat, Teshigawara nous livre une œuvre étrange et hybride où à des personnes encapuchonnées sur des sons évoquant des chaufferies succèdent des danseurs évoluant sur une musique style baroque. Teshigawara interprète également certains passages et sa performance est impressionnante de technicité et de maitrise. Son déplié du bras et des mains notamment resteront longtemps dans ma mémoire, tout comme sa présence scénique. C’est ce type de détails qui révèlent les grands danseurs.
Copyright: Théâtre des Champs Elysées
Ce ballet parle de la beauté, de la douceur, de l’esthétisme, mais aussi de la violence, soudaine, et de nos réactions face à elle. Les danseuses et danseurs évoluent sur un fond épuré orangé et doré et l’élégance maîtrisée de leurs gestes en font un ballet marquant. Dommage toutefois qu’il débute et termine par cette « chaufferie » et ces personnes encapuchonnées, comme si tout ce que nous venions de voir n’était qu’un songe et que la réalité était bien plus violente…
Un ballet qui prend une autre dimension au regard des attentats de Paris du 13 novembre.