C’est une pièce dont on ne sort pas indemne. Une biographie musicale qui touche au plus profond de l’être, questionne sur l’horreur de la Shoah et l’ambivalence de l’homme.
D’une écriture dense et épurée à la fois – tout est suggéré en peu de mots, rencontre avec le pianiste qui apprend au jeune Haïm le solfège, horreur du ghetto – « mes enfants, mes Juifs » s’exclame le dirigeant du ghetto alors même qu’il choisit chaque jour ceux qu’il envoie à la mort – Gérald Garutti raconte la vie d’Haïm Lipsky juif polonais dont la passion pour la musique et notamment le violon guide et sauve la vie. Il « traverse » ainsi les horreurs du ghetto, du camp d’Auschwitz grâce à sa connaissance du violon, fil ténu qui le relie à la vie. Mélanie Doutey récite le texte, installant une distance entre la vie de cet homme et le spectateur. De nombreux morceaux de musique joués par le petit-fils d’Haïm Lipsky – Naaman Sluchin – pour le violon, Dana Ciocarlie au piano, Alexis June à l’accordéon et Samuel Maquin à la clarinette, retracent cette atmosphère propre à l’Europe centrale. Mélodies et méloppées tour à tour joyeuses ou tristes, entraînant parfois les spectateurs… Tout sonne juste, chaque mot, chaque morceau, chaque silence sont à leur place.
J’y ai retrouvé la même capacité à dire l’innommable que dans Si c’est un homme de Primo Levi et les airs de musique m’étaient étrangement familiers.
Trois semaines après mon voyage en Pologne où les pancartes « Book here » pour les visites du camp d’Auschwitz m’avaient choquée, et une semaine après l’exposition Ghettos au Mémorial de la Shoah où sont montrées des photos de la vie quotidienne dans les ghettos polonais et baltes, Haïm – à la lumière d’un violon apporte un regard différent .
Une pièce qui devrait entrer dans mon « Top 10 » de l’année et qui donne envie de retourner à la Salle Gaveau et de connaitre les autres pièces de cet auteur et metteur en scène.
Une réflexion sur “Haïm – à la lumière d’un violon: un hymne à la vie”