Une soirée au Rudolfinum de Prague

Edifié en 1884, le Rudolfinum est un bâtiment néo-Renaissance imposant et  abrite l’orchestre philharmonique tchèque.

Conçu comme un « temple de la beauté », son intérieur abrite différentes pièces dont la grande salle de concert , la salle Dvorak. Dans son écrin jaune clair rehaussé de bleu, elle dégage une certaine harmonie.

En ce jeudi 21 avril, une foule assez composite occupait la salle, entre touristes  dont un couple anglo saxon croisé à Vienne au Demel et au spectacle de l’école d’équitation espagnole –  Voyons si je les croiserai ce soir à l’Opéra… – et Tchèques.

Première surprise : il aura fallu que je vienne à Prague pour voir le Directeur musical de l’orchestre national de Lyon, Jun Märkl…

Quelle belle soirée! Si j’étais sortie sceptique à l’entracte à la suite de Rondes de printemps (Images) de Claude Debussy et d’un Concerto pour violon et orchestre de Karol Szymanowski, les Tableaux pour une exposition de Modeste Moussorgski – orchestration de Maurice Ravel – m’ont subjuguée. Et pourtant je suis loin d’être une adepte de cette musique qui vous touche au coeur, vous obligeant à vous poser parfois certaines questions dérangeantes.  La musique baroque, elle au moins, vous laisse tranquille…

Jun Märkl a une direction très expressive, utilisant certes ses mains, mais surtout son visage: froncements des sourcils, sourires, mimes avec la bouche comme une poule lors du « Dessin de costume d’oisillon » … Très intéressant à observer. Chaque chef d’orchestre a sa façon d’être. J’aime beaucoup celle de M. W. Chung, tout en retenue pour la musique de chambre et de fougue pour les oeuvres instrumentales, ou celle de William Christie, expressive également.

Mené ainsi avec dextérité l’orchestre philharmonique de Prague a rendu toutes les nuances de ces Tableaux, comme la transformation progressive du leitmotiv, appelé ici Promenade, sachant exprimer par exemple avec une grande force  la scène des catacombes telle  une cavalcade de l’Apocalypse, ou le passage de la Baba-Yaga (la sorcière des contes russes).

Cette soirée a également été l’occasion d’observer une coutume étrange: offrir des bouquets à un homme, qu’il s’agisse du violoniste soliste dans la première partie, Christian Tetzlaff, et du chef d’orchestre à la fin. Un beau bouquet de fleurs exotiques rouges. Occasion de découvrir qu’il y avait très peu de femmes dans l’orchestre, moins de 5, jouant des instruments « féminins par excellence », la flûte traversière et la harpe. Non, non ce n’est pas la flûtiste amateur qui parle ; )

Jun Märkl a également demandé aux artistes de saluer de façon originale: en mimant avec les mains les instruments. Pas toujours évident à deviner…

Bref, une très belle soirée, d’où on sort en chantonnant la Promenade.

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