J’ai parfois pensé que la nature d’une femme est comme une grande maison pleine de pièces: il y a le hall dans lequel tout le monde passe pour entrer et sortir; le salon où l’on reçoit les visites officielles; la salle de séjour, où les membres de la famille vont et viennent à leur gré; mais au-delà, bien au-delà, il y a d’autres pièces, dont les poignées de portes ne sont peut-être jamais tournées; personne n’en connaît le chemin, personne ne sait où elles mènent; et dans la pièce la plus intime, le saint des saints, l’âme est assise seule et attend le pas de quelqu’un qui ne vient jamais ». Edith Wharton, La Plénitude de la vie, 1893

© Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
Cette longue citation de la romancière américaine Edith Wharton (1862-1937) ouvre l’exposition consacrée à la photographe Vivian Maier (1926-2009) et résume en effet ce que fut sa vie et le mystère qui entoure cette femme. Née à New-York en 1926, d’une mère française et d’un père d’origine austro-hongrois, Vivian Maier devient gouvernante d’enfants en 1951, à New-York puis à Chicago et échappe de peu à une fin misérable grâce aux frères Gensburg, qu’elle avait gardés pendant 17 ans, qui la retrouvent et prennent soin d’elle. Une vie anonyme et discrète de celle qui reçut une gloire posthume. Son corpus photographique constitué de plus de 120 000 images photographiques, films et pellicules non développées, est désormais considéré comme celui d’une des plus grandes photographes du XX°s… Cette situation pose toutefois la question de la sélection des images, normalement faite par l’artiste.

tirage argentique, 2012
© Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
A la croisée de la photographie humaniste, peut-être liée à ses origines et son enfance françaises, et de la street photo américaine, Vivian Maier s’intéresse aux scènes de rue, aux quartiers ouvriers et aux gestes interstitiels, ces gestes, attitudes et postures des gens qu’elle croise dans la rue. Dans ce théâtre de l’ordinaire, chacun devient protagoniste et joue un rôle à son insu, ne serait-ce qu’une fraction de seconde.
Il y a quelque chose de proustien chez Vivian Maier… Si la photographie suspend le temps, ceci est d’autant plus marqué chez cette photographe… Elle s’interroge également de façon récurrente sur son identité à travers des séries d’autoportraits qui reviennent de façon récurrente, telle une mise en abyme.

© Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
Cette exposition, qui aurait pu davantage aborder les influences photographiques de l’artiste, nous plonge dans une Amérique des années 50 et interroge en filigrane le rêve américain et les destins de chaque personne croisée et photographiée. Il en ressort à la fois une grande douceur – on est loin des personnages étranges de Diane Arbus – et une grande nostalgie.
Anne-Laure FAUBERT
Une de mes prochaines expositions ! Hâte ! Merci pour ce retour qui pourtant dévoile une certaine déception…
Bonjour, déception non plutôt une certaine mélancolie. Ce n’est pas une exposition dont on sort avec « la banane » mais qui fait réfléchir sur la condition de la femme. Elle n’était pas une marqueteuse et du coup n’a pas pu vivre de son art. Ce que je trouve dommage par contre c’est que, si on n’a pas un minimum de connaissance en photographie, on a du mal à la rattacher à des courants artistiques et on ne comprend pas sa différence avec Dorothea Lange ou Berenice Abbott.
Ah, je verrai ! A suivre donc !
je pense que j’irai la voir!
Je vous la conseille, il y a de très belles photos!