A l’occasion du 500eme anniversaire de la naissance de Jacopo Robusti, dit Tintoret, le musée du Luxembourg lui consacre une exposition en se concentrant sur les quinze premières années de sa carrière. On y découvre parfois de façon flagrante l’influence du Titien, même si Tintoret entend le surpasser. C’est un peintre ambitieux et déterminé qui nous est donné à voir.

Philadelphie, Philadelphia Museum of Art
© Philadelphia Museum of Art
Une exposition qui ravira les amateurs de peinture italienne et qui permet de comprendre dans quel environnement artistique concurrentiel évoluait le peintre, dans une Venise cosmopolite attirant des artistes de toute l’Europe.
© Museo Nacional del Prado,
dist. Rmn-GP / image du Prado
Né le 29 avril 1518 et mort le 31 mai 1594 à Venise, Tintoret est un peintre phare de la Renaissance et appartient au mouvement artistique du maniérisme de l’école vénitienne, créée au XIVème siècle lors de la rupture de Venise avec l’Art Byzantin et formé par le peintre Bonifacio de’Pitati.
Tintoret tient son surnom de ses origines familiales – un père teinturier – et de sa petite stature puisque Tintoretto se traduit par “le petit teinturier”. Certains rapportent qu’il prenait les teintures de son père pour pouvoir réaliser des graffitis originaux et plaisants.

© Archivio fotografico Gallerie dell’Accademia, su
concessione del Ministero dei beni e delle attivita
culturali e del turismo – Museo Nazionale Gallerie
dell’Accademia di Venezia, Venise
L’exposition au Musée du Luxembourg est divisée en sept salles distinctes:
- Prendre son envol : comme Tintoret fait partie d’une classe qu’on appelle les popolani, il est exclu de la vie politique et se met alors à peindre pour réussir à s’enrichir et sortir de l’anonymat.
- Orner les salons : à Venise est mis en place un marché de l’Art pour toute vente de peintures indépendantes des commandes. Tintoret l’intègre pour une partie de ses tableaux et recherche par ailleurs des commandes pour s’introduire dans la bonne société
- Capter le regard : les portraits sont importants dans l’Art en général. Cependant Tintoret les considère selon les deux définition du mot “ritrar” en dialecte vénitien : “portraiturer” et “tirer profit”.
- Partager l’atelier : certains spécialistes de l’Art s’interrogent sur la paternité de certains tableaux qui, auraient pu être peints non pas par Tintoret mais par le deuxième apprenti de Bonifacio de’Pitati ou Giovanni Galizzi.
- Mettre en scène : Tintoret a de nombreux contacts avec le monde du théâtre, ce que montrent les représentations des scènes théâtrales
- Observer la sculpture : une opposition importante se crée entre la peinture et la sculpture. Tintoret va, lui, étudier la sculpture par le dessin car il veut explorer la troisième dimension.
- Peindre la femme : Au début des années 1550 Tintoret a de plus en plus de commandes et emploie de nombreux assistants, dont certains de culture flamande. Il exécute alors son premier ensemble de peintures sur le thème de la Genèse. Le nu féminin est mis en avant. Il concurrence ainsi Titien qui travaille à l’époque pour le roi d’Espagne Philippe II pour des scènes mythologiques avec de nombreux nus féminins.
Même s’il fut critiqué, le peintre Tintoret réussit à garder sa place au sein des plus grands artistes de Venise entre les périodes de la Renaissance (XVIème siècle) mais aussi le Baroque (XVIIème siècle).

© collection particulière
Laissez-vous emporter à l’époque de la Renaissance en contemplant des portraits, des paysages mais aussi des sculptures, réalisés par un peintre connu du grand public !
Jusqu’au 1° juillet 2018 au Musée du Luxembourg.
Anne-Laure FAUBERT et Tiphaine LATROUITE