Tristan et Isolde de Wagner au théâtre des Champs Elysées : un opéra sombre dans une mise en scène rustique

« Vous qui entrez ici abandonnez toute espérance ». Tel semble être le message délivré, semblable aux vers de La divine comédie, de la très juste et sombre nouvelle production présentée au Théâtre des Champs Elysées de l’opéra de Wagner Tristan et Isolde (1865).

Opéra préféré du directeur du théâtre, Michel Franck, il interroge selon moi profondément sur les questions d’amour et de mort, de choix de vie, et de résilience face au meurtre et à la mort d’un être cher. En effet, Tristan a tué le fiancé d’Isolde et il ne doit ensuite sa survie qu’aux remèdes de celle-ci, qui renonce à le tuer quand elle découvre sa véritable identité et finit de le soigner. Tristan évoque de façon récurrente la nuit d’où il vient et d’où il a été tiré lors de sa naissance, alors que sa mère mourait en couches. Un endroit où il souhaite revenir.

Dans une mise en scène en noir et blanc sans fond de Pierre Audi, les personnages évoluent de façon hiératique –une influence de Bob Wilson peut-être, de façon parfois trop théâtrale à mon goût.

Les costumes de Christof Hetzer sont sommaires, pour ne pas dire rustiques, et rappellent une Irlande immuable (malgré la présence de sacs poubelle lors du dernier tableau) proche de la légende.

Torsten Kerl livre un Tristan humain et éperdument amoureux d’Isolde, notamment après avoir bu le philtre d’amour. La profondeur de sa voix et sa présence scénique marquent cette production. Rachel Nicholls livre une Isolde campée dans ses positions, qu’il s’agisse au début de tuer Tristan pour venger la mort de son fiancé, puis ensuite de passer outre les avertissements de sa suivante Brangaine (Michelle Breedt). Son célèbre air amoureux est magnifique de passion et de désespoir mêlé. La dernière fois que je l’avais écouté c’était avec Waltraud Meier à la Salle Pleyel (direction D. Barenboin). Steven Humes interprète un Roi Marc sensible, bon, jusque dans le dernier acte où il souhaite unir Isolde à Tristan, après avoir appris l’existence du philtre d’amour.

En conclusion les wagnériens seront ravis de (re)voir un opéra majeur de leur maître à penser. Les mélomanes iront avec plaisir vu la qualité du plateau, même si la baroqueuse que je suis préfère les pièces où le compositeur ne prône pas cet art total où tous nos sens sont engagés, quitte à ressortir profondément émue et « remuée ».

Jusqu’au 24 mai 2016

France Musique diffuse cet opéra le samedi 25 juin à 19h.

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