Lundi 18 mai 2015 – Palais Garnier – Adieux de l’étoile Aurélie Dupont sur une musique de Jules Massenet – chorégraphie de Kenneth MacMillan (1974)
Il régnait une atmosphère particulière ce lundi au Palais Garnier. Une salle comble, des personnalités politiques dans la salle… ainsi que toute la blogosphère danse.
Que retenir de cette soirée ?

Inspirée de Manon Lescaut de l’abbé des Grieux et de l’opéra Manon de Jules Massenet, l’histoire de Manon (1974) est un beau ballet néoclassique qui insiste moins que le roman sur le caractère « perfide » de Manon. Elle apparaît davantage comme une victime de son frère que comme une séductrice croqueuse d’hommes.
J’avais déjà vu Aurélie Dupont dans le rôle de Manon en 2011 (voir ce billet) et Roberto Bolle à Naples en 2009 dans Giselle.
L’histoire de Manon est un beau ballet, poignant, révoltant par moments. MacMillan emploie un procédé cher à Noureev : une scène du début annonce la fin : la charrette des prostituées du tableau I annonce la fin tragique de Manon déportée en Louisiane. Il dénonce aussi les mœurs de l’époque où les hommes d’âge mûr s’offrent des jeunes filles à coup de bijoux et fourrure et où les hommes viennent faire leur « marché » chez Madame et cette scène, sous les paillettes et les danses, se révèle d’une grande cruauté. Si les costumes et les décors de Nicholas Georgiadis étaient réussis, le jeu des danseurs souffrit de quelques faiblesses.
Roberto Bolle, le bel italien dans toute sa splendeur, campe toutefois un des Grieux assez monolithique, peu apte à défendre sa Dame, qu’il s’agisse de la soustraire des griffes de son frère Lescaut (Stéphane Bullion) qui la « vend » à M de G.M. ou du geôlier qui l’outrage (Karl Paquette, geôlier trop mécanique). Aurélie Dupont campe une Manon tour à tour fragile, aguicheuse, amoureuse sans qu’on arrive à comprendre si elle cède par appât des bijoux ou par fatalisme. C’est dommage.
A contrario, les pas de deux amoureux avec Roberto Bolle sont sublimes, tendres et passionnés. Les seuls moments de répit dans cet univers sans pitié.
Les adieux furent émouvants, avec la présence sur scène des fils de l’étoile, Jacques et Georges et de son mari l’étoile Jérémie Bélingard.

Une standing ovation de toute la salle, de l’orchestre aux stalles et la présence de Brigitte Lefèvre, Benjamin Millepied et des premières d’ateliers… Une belle soirée, émouvante et véritable manifeste pour une vie de famille… même pour les étoiles…
Un sujet longtemps tabou…