Issue d’une famille de 11 enfants et d’un milieu ouvrier Jeanne Lanvin (1867-1946) a créé une maison qui reste la plus ancienne maison de haute couture française en activité.
Jeanne Lanvin, robe du soir « La Cavallini », 1925 Gouache © Patrimoine Lanvin
Le Palais Galliera, en étroite collaboration avec Alber Elbaz, directeur artistique de la Maison Lanvin ont voulu faire de cette très belle exposition un événement dont on sort en disant « I love Lanvin » et dont on a envie de dévaliser les modèles. Pari réussi car je serais bien repartie avec quelques robes bleues – ce bleu Lanvin qui rappelle le peintre Fra Angelico que j’aime tant et dont j’ai visité le monastère à Florence il y a quelques années – le modèle Donatienne avec du corail, des noires pleines de dentelle (j’ai un faible pour la belle dentelle) et certains chapeaux et vestes kimonos… Bref un bon quart des modèles exposés ; ))
Robe «Donatienne », hiver 1920-1921 Collection Palais Galliera © Katerina Jebb, 2014
C’est dire que cette expo m’a plu… et ce d’autant que la visite guidée d’Aurore pour Bulles de Culture était particulièrement réussie.
Jeanne Lanvin était une femme d’action : elle divorce à une époque où le statut de mère célibataire est compliqué, tout comme sa fille unique Marguerite plus tard. Elle voyage beaucoup et collectionne des tissus qu’elle chine. A ses couleurs préférées – le blanc et le noir – elle crée un bleu particulier, le bleu Lanvin. Elle s’inspire aussi bien de l’Antiquité grecque pour un chapeau grisette que des costumes traditionnels russes ou du Second Empire pour l’association du noir et du bleu.
«La Diva », robe du soir, hiver 1935-1936 et dessin Maison Lanvin «La Diva», hiver 1935-1936.
© Collection Palais Galliera / Katerina Jebb, 2014/ Patrimoine Lanvin
Ses créations sont également marquées par sa fille Marguerite – rebaptisée par son second mari le comte de Polignac Marie-Blanche – pour qui elle crée une ligne pour enfants et dont le noeud symbolise son amour pour elle. Petite, Marguerite était changée par sa mère plusieurs fois par jour puisqu’elle jouait dans la boutique et lui servait ainsi de « carte de visite ». Elle donnait envie aux clientes de repartir avec un modèle à défaut de repartir avec l’enfant…
Pour célébrer les trente ans de Marguerite, Jeanne Lanvin compose Arpège en 1927, le plus grand des parfums Lanvin.
Evening-Gown Bel Oiseau © Olivier Saillant
J’ai apprécié dans cette exposition le choix des pièces qui donnent un bel aperçu du savoir-faire de la Maison Lanvin. Les pièces sont choisies avec soin et nous font entrer dans le milieu mondain des bals et des robes de style tout en mettant en valeur le côté intemporel de ces créations. Un mélange de classicisme à la française avec des robes de style XVIII° et des lignes plus sobres de l’Art déco. Une vision de la femme qui dégage une grande élégance loin de l’érotisme exacerbé de certains couturiers masculins…
Une expo à découvrir jusqu’au 23 août 2015
de certains couturiers masculins…