Mathis le Peintre ou le rôle de l’artiste dans la société

J’ai assisté il y a 10 jours, le 16 novembre, à la Première de Mathis le Peintre, de Hindemith. Cet opéra allemand composé dans les années 1920, et dont la première représentation n’eut lieu qu’en 1938, m’intriguait. Mais j’hésitais. Peur d’être déçue comme pour le Ballet de Hambourg de Neumeier vu quelques jours plus tôt (cf billet sur Parsifal)? Une offre promotionnelle reçue quelques jours plus tôt me décida: -40% ça valait le coup!

Je compris ensuite pourquoi : la salle n’était guère pleine.

Cet opéra, qui reprend l’histoire véritable de Matthias Grünewald, auteur du prodigieux Retable d’Issenheim (1512-1516) conservé à Colmar, se situe sous la Réforme et la guerre des paysans.

La mise en scène d’Olivier Py est moderne: le parallélisme avec le nazisme – autodafés de livres, uniformes portés par les soldats – permettent de retranscrire une atmosphère oppressante, celle des conflits. Le retable est également mis en scène de façon sobre.

Cet opéra pose la question – certes ancienne puisque Platon en parle déjà – de la place de l’artiste dans la société. Certains passages sont insoutenables tant ils résonnent de justesse. Des questions qu’on se pose à soi même – quel sens donner à sa vie, quelle place pour l’art dans la société – tout en les écartant assez vite, nous sont « jetées » en pleine figure.

Un profond malaise existentiel s’empare alors du spectateur qui, cette fois-ci, ne peut plus se fuir lui-même.

Opéras anciens et modernes posent de façon différente les mêmes questions, inhérentes à notre condition d’être humain.

Mathis le Peintre, que j’ai beaucoup aimé, me rappelle par la manière de mettre en lumière certains comportements humains, Juliette ou la clé des songes opéra de B. Martinu, où le héros, Michel, décide à la fin de la pièce de rester dans le monde des rêves afin de retrouver Juliette, la femme qu’il aime. La distinction entre rêve /folie / réalité s’estompe conduisant chacun d’entre nous à s’interroger sur ses propres angoisses : confrontés à une réalité jugée trop dure, n’avons nous pas tendance parfois à nous réfugier dans le rêve, quitte pour certains à sombrer dans une folie douce?

Une réflexion sur “Mathis le Peintre ou le rôle de l’artiste dans la société

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s