La rétrospective Baselitz au Centre Pompidou ou l’art pour transcender les horreurs de la guerre…

C’est une exposition, Baselitz – La rétrospective  dont on ne sort pas le sourire aux lèvres, bien au contraire, et qui amène à réfléchir sur les traumatismes de la guerre, le refoulement et le devoir de mémoire.

Georg Baselitz, de son vrai nom Hans-Georg Kern, naît en 1938 à Deutschbaselitz en Saxe au Nord-Est de l’Allemagne. Son père est nazi et se voit interdire d’enseigner après la guerre. L’artiste traverse avec sa famille Dresde bombardé en 1945 et le choc des corps et des ruines parcourt son œuvre, tout comme les références aux camps de concentration. Plus qu’une simple opposition fils / père au sujet de convictions politiques et éthiques, Baselitz cherche à exprimer l’indicible, et se fait le porte-parole par son art parfois très brutal, de toute une génération qui s’interrogea sur le nazisme, et comment se reconstruire ensuite.

Georg Baselitz fait un rêve à 12 ans où il voit des tableaux de lui. Il décide de faire des études d’art, contre l’avis de son père, et est accepté aux Beaux-Arts de Berlin-Est mais en est chassé car il s’inspire dans sa peinture de Picasso, jugé subversif. Il quitte Berlin-Est pour Berlin-Ouest avec celle qui devient son épouse, Elke Kretzschmar et prend par la suite le surnom de Baselitz, en hommage à sa ville de naissance et pour protéger sa famille restée en Allemagne de l’est et qu’il ne voit pas jusqu’en 1989. Bien accueilli à Berlin-Ouest, il découvre toute l’avant garde américaine et européenne comme Hartung, Pollock ou Boulez. Baselitz a conscience que pour être remarqué il faut faire scandale, ce qui pourrait expliquer ses peintures d’hommes au sexe démesuré. On retrouve également un fort intérêt pour la forêt dans son œuvre, héritage de sa Saxe natale, mais peut-être aussi de Wagner et des légendes allemandes ai-je envie d’ajouter. Les morceaux de corps peints sont à la fois des rappels du traumatisme de la guerre, des références aux études de corps de Géricault, du bœuf écorché de Rembrandt revu par Soutine… Âmes sensibles s’abstenir…Il commence à peindre des personnages et des paysages à l’envers dans les années 1970, période où la question de l’Allemagne face à son passé nazi ressurgit pour toute une génération qui demande des comptes à ses parents… On sent l’inspiration de Kokoschka ou Nolde dans sa peinture des années 1980 tout comme de la statuaire africaine dans ses sculptures.

Ai-je aimé l’exposition? Côté artistique et esthétique, non à part la sculpture noire de la fin qui évoque le charbon, de magnifiques paysages renversés et quelques très beaux tableaux quasi abstraits qui évoquent l’art asiatique. Je l’ai par contre trouvé intéressante pour son questionnement sur l’âme humaine et la façon de transcender dans l’art les traumatismes de la guerre.

Anne-Laure FAUBERT

Centre Pompidou – Jusqu’au 7 mars 2022

2 réflexions sur “La rétrospective Baselitz au Centre Pompidou ou l’art pour transcender les horreurs de la guerre…

    1. Bonjour, c’est sûr que ce n’est pas une exposition facile (et encore je n’ai pas mis les photos des œuvres du début qui sont particulières…). C’est différent d’un Boltanski qui traite des camps avec une obsession et une noirceur… Ce n’est pas une belle exposition au sens esthétique à part les dernières salles où l’on sent un certain apaisement… par contre elle m’a vraiment fait réfléchir sur les traumatismes de la guerre, et d’autant qu’en ce moment ont lieu les procès sur les attentats du 13 novembre 2015 et la difficulté de se reconstruire…

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