Situé à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, le muséoParc Alésia est né de la volonté politique du conseil général de Côte-d’Or de doter ce lieu d’une institution culturelle qui commémore le siège d’Alésia en -52 av JC, bataille décisive de la Guerre des Gaules qui voit la coalition gauloise perdre face à l’armée romaine de César. J’avais suivi rapidement le dossier dans mon ancienne vie professionnelle: le ministère des Finances, et donc l’Etat, avait décidé de ne pas investir pour la première version, inaugurée en 2012.

Construit dans la plaine d’Alésia par le cabinet d’architectes de Bernard Tschumi, le MuséoParc Alésia offre aux visiteurs un bâtiment à l’architecture symbolique: sa forme circulaire rappelle le siège d’Alésia et son habillage en résille de mélèze renvoie au bois des fortifications romaines. Présentant un diamètre de 52m, il fait écho à la date de la bataille. Je l’ai personnellement trouvé très réussi.
Le MuséoParc Alésia propose trois lieux de visite:
- le Centre d’interprétation qui présente le contexte, le déroulement et les conséquences de la bataille d’Alésia pour les Gaulois et pour les Romains,
- les vestiges de la ville gallo-romaine d’Alésia,
- la statue de Vercingétorix érigée par Napoléon III
Cette présentation faite, qu’ai-je pensé de la nouvelle version du centre d’interprétation proposée au public depuis le 3 juillet 2021 et scénographiée par l’agence Clémence Farrel?
La première salle, conçue pour décomplexer les visiteurs, voit des personnages, dont certains connus, répondre aux questions sur les Gaulois, la bataille d’Alésia ou le rôle des femmes gauloises. Cela fait rire… ou atterre… selon sa perception. Je regrette par ailleurs que des enfants de CE2, ayant étudié cette période de l’Histoire de France pendant l’année, n’aient pas été interrogés. Car ce sont souvent eux qui poussent leurs parents à visiter ce type de lieux culturels.
Le visiteur entre ensuite dans le « couloir du temps » où dispositifs multimédias et objets archéologiques lui permettent de comprendre l’enjeu de cette bataille et le contexte géopolitique dans lequel elle intervient. On y apprend en outre que les Romains appellent Gaulois des peuples que les Grecs nomment Celtes et qui occupent au moment de la guerre des Gaules un territoire un peu plus grand que la France actuelle. Au premier siècle avant JC les Gaulois se composent d’une centaine de peuples aux identités et langues différentes comme le montre très bien cette carte.

En -58 av JC César profite de l’appel de ses alliés Eduens, menacés par migration du peuple helvète, pour intervenir en Gaule. L’actuelle Provence est déjà romaine mais il reste à conquérir la Gaule dite chevelue. En -52 av JC, sous l’impulsion du chef arverne Vercingétorix, les peuples Gaulois s’allient contre l’armée romaine. En mai ils remportent la bataille de Gergovie avant d’essuyer un revers militaire et de se replier dans l’oppidum d’Alésia. Assiégés par César, qui construit une rangée de lignes fortifiées et un ensemble de pièges très élaboré à l’avant de chaque ligne, ils envoient demander des renforts qui tardent à venir. Les enfants, femmes et vieillards sont jetés en dehors de l’oppidum et meurent de faim ou massacrés. Le film, muet, relatant le siège d’Alésia est sobre et poignant et marque les esprits. La défaite de Vercingétorix sonne le glas de l’indépendance des tribus gauloises.
@Agence Clémence Farrell
Le MuséoParc Alésia comprenant également une dimension ludique il est possible de se déguiser en soldat gaulois ou romain, de jouer avec des objets reconstitués ou des jeux vidéos, tandis que le « couloir du temps » décline l’histoire d’Alésia devenue gallo-romaine puis Alise-Sainte-Reine. Le parcours revient également sur les clichés sur les Gaulois, entretenus il est vrai par la BD Astérix, mais également par la naissance de la publicité au début du XX°s. Ce lieu réussit le pari de contenter aussi bien les enfants, avec les jeux, que les adultes avec des informations et des objets de grande qualité.
L’Etat ne s’y est pas trompé qui, après avoir laissé les collectivités locales essuyer les plâtres, a contribué au financement de cette nouvelle version, ; )
Anne-Laure FAUBERT
NB: Si le lieu de la célèbre bataille qui opposa Vercingétorix à César a longtemps fait débat, des fouilles menées sous Napoléon III à Alise-Sainte-Reine de 1861 à 1865 permettent de mettre au jour de nombreuses armes, monnaies gauloises et romaines et des objets militaires. Par ailleurs, en confrontant ces découvertes avec les textes de César, ces fouilles permettent la reconstitution grandeur nature de segments des lignes d’investissement et de machines de guerre romaines. Le débat n’étant pas clos pour la communauté scientifique, c’est dans les années 1990 qu’une équipe franco-allemande d’archéologues apporte de nouvelles preuves. Elle confirme que « l’oppidum du Mont-Auxois à Alise-Sainte-Reine et le siège militaire du Ier siècle av. J.-C. qui y a été révélé par l’archéologie correspondent bien à la bataille d’Alésia ».
J’ ai visité la première version. Pour moi, à l’ époque, complètement unique et assez étonnant. Les enfants se régalaient et les grands aussi avec une visite conférence de mise en situation assez chouette .
Je n’ai pas vu la première version, juste parcouru le projet de l’époque. J’ai trouvé cette version très bien faite, à l’exception de la première salle, dont je comprends bien le message – décomplexer le visiteur – mais qui m’a agacée.