Quand j’ai annoncé à des amis que j’allais voir la basilique Saint Benoît dans le Loiret, ils m’en ont dit le plus grand bien : ) Mais arrivée sur place, j’ai failli en perdre mon latin : abbatiale de Fleury, basilique Saint Benoît, de quoi parlait-on ?

Une petite mise au point s’imposait donc.
L’abbatiale de Fleury, patrimoine mondial de l’Unesco, connue également sous le nom de basilique de Saint Benoît sur Loire, tient son nom du hameau de Fleury, antique domaine de « Florius » près duquel elle est fondée au VII°s. Des deux églises, Saint Pierre et Sainte Marie, cette-dernière s’impose comme abbatiale – un lieu où les moines célèbrent l’office – après le transfert d’Italie des reliques de Saint Benoît de Nursie au VII°s, et elle est élevée au rang de basilique par le Pape Pie XII en 1947, marquant ainsi son importance dans l’histoire du Christianisme.

En novembre 2019, un centre d’interprétation, le Belvédère, s’est ouvert juste à côté de Saint Benoît, dans un lieu moderne et suivant un parcours chronologique et didactique. Il tient son nom – le Belvédère – de la terrasse qui offre une vue magnifique sur le monument.
Dans la cour intérieure une maquette de l’abbaye (échelle 1/50°) permet de visualiser ses trois phases de construction par trois couleurs différentes déclinées ensuite dans l’exposition permanente. Libre à vous de le visiter avant ou après la basilique selon ce que vous recherchez.

J’ai personnellement beaucoup aimé la richesse des informations, leur profondeur et la scénographie qui sait rendre attrayant un sujet à première vue aride, laissant le choix au visiteur soit de se concentrer sur quelques thèmes mis en valeur ou de rentrer dans les détails de la règle bénédictine et du rayonnement de cet ordre monastique. J’y ai ainsi appris que l’abbaye, gardienne des reliques de Saint Benoît depuis le VII°s, était l’un des berceaux de l’ordre des moines bénédictins, et fut autour de l’an mil l’un des principaux foyers intellectuels de l’Occident médiéval (j’ai alors pensé à Cluny et Fontevraud) comme le montrent les manuscrits conservés à Orléans et en Europe.

Par ailleurs, pour les amateurs de lions sculptés ou dessinés, la première exposition temporaire, jusqu’au 26 avril 2020, s’intitule La part du lion – images du lion à l’abbaye de Fleury (IX- XII°s) . Présent à plus de 150 reprises dans la Bible, le lion y apparaît alors comme un animal cruel, dévoreur d’animaux et d’hommes. Cette approche négative change à partir de l’époque carolingienne et devient positive au XI°s. C’est ce que l’on retrouve dans les nombreux lions des chapiteaux de la tour-porche, lions bienveillants qui protègent l’humanité. Les valeurs démoniaques s’incarnent alors dans d’autres animaux comme les singes et les boucs ainsi que les créatures hybrides que sont les basilics et les dragons.
A travers la sculpture et les manuscrits, l’exposition aborde également les différents aspects de la représentation du lion à l’époque romane : les sources utilisées par des artistes qui n’en avaient souvent jamais vus, les figures de Samson, David et Daniel dans la Bible, le lion comme allégorie du Christ et le symbole bien connu du lion pour l’évangéliste Saint Marc (pensez à ce sujet à la ville de Venise et à sa basilique Saint Marc).
Après votre visite, vous pourrez par ailleurs faire un tour au magnifique oratoire carolingien de Germigny-des-Prés et découvrir le château de Sully sur Loire.

Anne-Laure FAUBERT