Matinée du 12 mars 2017 – Opéra Bastille
Chorégraphié par Balanchine en 1962, le songe d’une nuit d’été fait son entrée cette année au répertoire de l’Opéra de Paris.
Ce ballet, féerique par les costumes de Christian Lacroix et le propos tiré de Shakespeare, déçoit par son manque de lisibilité et ses deux actes sans cohérence. Un ballet fidèle au sens premier d’un rêve : une ou des histoires irréelles et parfois sans sens apparent.
Il y a deux façons de voir ce ballet :
– comme un divertissement (au sens pascalien du terme) et dans ce cas le spectateur en sort ravi : débauches de costumes scintillants, sauts et entrechats, vibrionnant Puck…
– en y cherchant un rappel de la pièce de Shakespeare et une profondeur, et là le bât blesse.
Certes Balanchine est davantage connu pour ses ballets graphiques et son éloge de la danse pour la danse, mais ses ballets narratifs racontent de belles histoires et interrogent sur le sens de nos vies comme Agon ou le Fils prodigue dont j’avais parlé ici en 2012.
Papillons, fées, cornistes, acteurs et chiens d’Hippolyte se succèdent dans un joyeux et ébouriffant spectacle sans queue ni tête, un songe éveillé dont la présence des acteurs nous rappellent que nous assistons en fait à un spectacle, et que ce théâtre dans le théâtre aura bientôt une fin et nous serons bientôt réveillés. La scène de l’acteur transformé en âne est drôle, les querelles et quiproquos amoureux s’inscrivent à la fois dans la tradition du philtre amoureux hérité de Tristan et Yseult et la Commedia dell’arte.
Le second acte, lui, reprend des tableaux de Balanchine et entraîne une dichotomie malvenue.
Un ballet dont on garde en mémoire la beauté des costumes, mais dont l’argumentaire laisse perplexe.