Je suis sortie de l’exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures en me disant que le regard de cet homme sur les autres cultures était ce que Sciences Po savait nous transmettre de mieux : une ouverture sur le monde, la volonté de le questionner, une curiosité intellectuelle très forte… Caractéristiques que l’on retrouve dans une bien moindre mesure dans d’autres écoles…
Pour son dixième anniversaire, le musée du Quai Branly consacre une grande exposition à son fondateur, l’ancien président de la République Jacques Chirac.
L’exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures révèle la construction personnelle et politique d’un homme en résonance avec ses convictions culturelles. Sous le commissariat de Jean-Jacques Aillagon cette exposition permet – à travers plus de 150 œuvres issues de collections publiques et privées françaises et étrangères et une soixantaine de dates clés correspondant à des événements majeurs de l’Histoire, de l’histoire culturelle et de la vie de Jacques Chirac – au visiteur de comprendre les interactions entre le destin de cet homme et celui de l’histoire des civilisations extra européennes.
Amérique – ethnie Taïno © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Hughes Dubois
Ce portrait fait également écho aux changements de mentalité de l’Europe du XX°siècle qui progressivement adopte un autre regard sur les cultures lointaines et les considère avec davantage de respect et de compréhension.
En effet, convaincus de leur supériorité, les Européens ont longtemps porté un regard condescendant sur les cultures lointaines. Au XIX°s les « exhibitions anthropologiques », véritables « zoos humains » en ont constitué la manifestation la plus spectaculaire. En 1937, à Munich, les Nazis dénoncent « l’art nègre » et l’art moderne qui s’en inspire comme dégénérés alors que depuis le début du XX°siècle des artistes, critiques et collectionneurs portent un nouveau regard sur ces cultures non européennes.
Cambodge. © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Michel Urtado
L’intérêt de Jacques Chirac pour ces cultures s’était manifesté alors qu’il était maire de Paris, notamment avec l’organisation d’une Saison de Tokyo en 1986 et en 1994 par la programmation d’une exposition sur les Taïnos, ce peuple lié à la découverte des Amériques. Cette exposition rappelle aussi que Jacques Chirac fut à l’origine au Louvre, du Pavillon des Sessions et du département des Arts de l’Islam.
Haute-Egypte (Gebelein) © musée des Confluences (Lyon, France)/photo Patrick Ageneau
Jacques Chirac aurait fait une excellent ministre de la Culture, dans la mouvance d’André Malraux… Il est pour moi le dernier président de la Cinquième République (du moins pour l’instant) à s’être autant intéressé à la culture. Si Georges Pompidou a voulu réconcilier la France avec la culture de son temps, Jacques Chirac a voulu la familiariser avec la culture des autres.
La présence de pièces majeures d’Arts premiers, africains, océaniens, ou amérindiens, en font un véritable régal pour les yeux.
Une des expositions majeures de l’été 2016.
Jacques Chirac ou le dialogue des cultures – Musée du Quai Branly – Jusqu’au 9 octobre 2016