Pur exemple de ballet classique, à la technique très exigeante et aux costumes et décors de toute beauté, Paquita a été reconstitué en 2001 par Pierre Lacotte, d’après la version de 1881 de Joseph Mazilier et Marius Petipa. Créé à l’Opéra de Paris en 1846, ce ballet voyagea jusqu’en Russie grâce à Marius Petipa où il en donna une nouvelle version en 1882.
Je l’avais déjà vu en 2008 et m’étais un peu ennuyée. Je n’y serai pas retournée si je n’avais pas croisé le danseur Sébastien Bertaud en avril qui y interprète un villageois à la danse gracieuse et fine. J’avais aussi envie de voir Laura Hecquet depuis sa nomination en mars comme étoile. Bien m’en a pris. Cette représentation était magique, malgré l’intrigue très mince.
Paquita est un pur produit des ballets du XIX°s à la gloire de l’armée française et aux clichés prononcés. Comme Carmen, Paquita grandit chez les Gitans. A sa différence, elle a été enlevée à sa famille d’origine et un portrait qu’elle garde précieusement la rend triste de temps en temps. Dansée par Laura Hecquet qui rayonne par son plaisir à danser et illumine la scène par le porter de sa tête et de ses bras, Paquita s’oppose au rustre Inigo qui semble lui être destiné. Campé par un François Alu grossier, possessif à souhaits, tout en maîtrise technique et scénique, ce couple semble trop contraire pour pouvoir fonctionner. Heureusement survient Lucien d’Hervilly, interprété par Karl Paquette à qui les rôles de prince charmant vont toujours comme un gant.
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La confrontation entre le gitan grossier et l’aristocrate français n’évite pas les clichés, le premier considérant Paquita comme son bien, le second comme un être délicat. Lorsque Inigo est mandaté pour assassiner Lucien, et que Paquita découvre le complot, la scène devient loufoque, Paquita tentant de prévenir le jeune homme, tandis que le gitan essaie de le divertir. L’échec de cet assassinat, la découverte des origines de la jeune femme et son mariage avec Lucien en font un beau ballet classique.
Ces scènes intimistes s’opposent aux danses de caractère des villageois, gitans et dans l’acte deux des danses de salon. Au caractère impétueux et coloré des danses des gitans où les femmes se font envoûtantes et les hommes conquérants, s’opposent celles de salon, plus policées et entrecoupées d’une polonaise interprétée par les élèves de l’école de danse. Une danse encore perfectible du côté des garçons mais profondément touchante.
Paquita exprimait samedi le style français poussé à sa perfection, cette alchimie subtile entre une technique maîtrisée et une grâce dans les gestes. Un classicisme toujours vivant et acclamé par le public.
Samedi 2 mai 2015. Palais Garnier Paquita de Pierre Lacotte (d’après Joseph Mazilier et Marius Petipa) par le Ballet de l’Opéra national de Paris. Avec Laura Hecquet (Paquita), Karl Paquette (Lucien d’Hervilly), François Alu (Inigo), Pascal Aubin (Don Lopez de Mendoza), Stéphanie Romberg (Dona Serafina), Bruno Bouché (le Comte) et Marie-Solène Boulet (la Comtesse). Avec la participation des élèves de l’école de danse – Jusqu’au 19 mai 2015