Une fois n’est pas coutume, je n’étais pas à la Première mais à la Dernière d’un ballet. Je ne connaissais d’ailleurs pas Sasha Waltz et un ami balletomane m’avait mise en garde « je me suis ennuyé ». J’étais donc un peu interloquée en y allant hier…
Tout comme pour la version de Noureev dont je vous avais parlé l’an dernier, le même constat s’impose d’emblée: le couple a du mal à s’imposer face aux deux clans et on cherche Aurélie Dupont (Juliette) et Hervé Moreau (Roméo) dans cette foule.
On retrouve dans cette oeuvre certains travers de la danse contemporaine: une chorégraphie minimaliste, parfois en décalage selon moi avec la belle musique de Berlioz, des danseurs courant – trop – souvent, un peu comme dans Rain de Keersmaeker.
Pourtant le traitement du mythe par la chorégraphe berlinoise est intéressant: elle y brosse à grands traits quelques passages clés comme le bal, où tous semblent bien eméchés, la scène du balcon, le mariage secret (moment fugace) et la mort des deux amants.
Le tombeau de Juliette, qui m’a rappelé les Enfers dans Orphée et Eurydice de Pina Bausch par l’utilisation des pierres, reste aussi une très belle image funèbre. Quant à Roméo essayant de gravir en vain une montagne, tout est dit: il n’échappera ni à son destin ni à son clan; son amour semble voué à l’échec.
Je retiendrai de ce ballet – opéra:
– la beauté des chants, notamment de Stéphanie d’Oustrac, Yann Beuron, et Nicolas Cavallier, magnifique Frère Laurent au long solo final déchirant;
– la beauté des bas de deux… Aurélie Dupont est toujours aussi gracieuse, Hervé Moreau est – enfin – revenu… et tant mieux! De beaux moments féériques avant le drame final…
Un ballet parfois long – très long – parfois sublime…