Si j’ai passé une très bonne soirée hier soir, je le dois davantage au cocktail qui a suivi la Première, où j’ai pu entendre les « bruits du village » et m’entretenir avec les personnes qui mènent la politique de la danse de l’Opéra de Paris, qu’au ballet…
Et pourtant j’aime beaucoup la culture nippone…
Le début du ballet, dans le Tokyo contemporain, est plutôt réussi, de jeunes hommes dansant sur de la musique moderne jusqu’à ce que l’un d’entre eux trouve un ancien sabre japonais. En le touchant, il se retrouve transporté dans l’histoire et l’époque de Chushingura ie du Kabuki (cf billet précédent).
L’histoire n’est alors pas facile à suivre mais les danses et la beauté des costumes ont un certain charme qui berce le spectateur. On y voit Enya Hangan, accusé d’avoir volontairement blessé au visage le maître des cérémonies de la maison du shogun, Kô no Moronō, qui l’avait insulté, se soumettre au seppuku – suicide ritualisé sous forme d’éventration. Sa mort entraîne un devoir de vengeance chez les 47 samouraïs dont il était le chef. Pendant deux ans, Ōboshi Yuranosuke, l’un de ces samouraïs, devenu désormais un ronin (samouraï sans maître) prépare cette vengeance avec les 46 autres. Un soir, ils tuent Kô no Morono et apportent sa tête sur la tombe de leur maître défunt. Les 47 rōnin se soumettent ensuite ensemble au seppuku.
Le souci est que l’histoire est agrémentée de nombreux personnages et détails: leitmotiv du couple moderne et du couple de geishas, apparition d’un sanglier – à l’aspect de « peluche » assez ridicule lorsque replacé dans le contexte – poursuivi par un chasseur. J’ai eu la même impression que l’an dernier à Vienne lors du Concours du même chorégraphe: trop de détails tuent la chorégraphie. Ce qui est dommage car le ballet en soi est loin d’être inintéresant. On y trouve un très beau mélange entre Occident et Orient, tradition et modernité, arts japonais (kabuki, théâtre no)… même si j’ai eu beaucoup de mal avec cette voix d’homme qui chantait de temps en temps et qui a fait sourire plus d’un. L’idée était loin d’être idiote, mais… je n’adhérais pas assez au ballet.
A voir donc mais en gardant à l’esprit que la pièce est étrange voire parfois déroutante…
On dit parfois que lorsqu’un film ou une série TV multiplie les intrigues secondaires, ce n’est pas bon signe quant à la qualité de l’intrigue principale… peut-être que ça s’applique aussi ici ? Sinon j’ai bien aimé ce ballet dans l’ensemble, et le chant masculin ne m’a pas dérangée même si je peux imaginer qu’il ait dérouté plus d’un spectateur car c’est le seul élément (musical en tous cas) qui m’a semblé plus ou moins authentique.
Je suis d’accord avec toi sur l’aspect authentique même si j’ai trouvé l’ensemble trop disparate mais visuellement agréable à regarder…