Roland Petit: une esthétique de la sensualité et de la mort…

Le Rendez-vous (1945), le Loup (1953), le Jeune homme et la mort (1946) : 3 ballets datant de l’après- Seconde Guerre mondiale, trois ballets où sensualité et mort se confondent, s’entrelacent. La danse ou le moyen de réunion la pulsion d’amour (éros) et celle de mort  (thanatos)? 3 ballets où la femme joue un rôle néfaste, manigançant, tuant ou personnifiant la mort.

Dans Le Rendez-vous (argument de Jacques Prévert), la banalité d’un bal musette où les danseurs semblent s’ennuyer contraste avec la fièvre d’un jeune homme arrivé après les autres. S’il cherche également l’amusement, il prête davantage attention au bossu, et danse avec lui. Las, la rencontre avec le Destin qui lui prédit une mort certaine  laisse présager le pire; sentiment renforcé par une musique, de Joseph Kosma, de plus en plus sombre, …

Arrive alors la plus belle fille du monde, tout de noir vêtue, d’une beauté mystérieuse et inquiétante. Interlude avant la chute ? Devant un pas de deux tout en sensualité, le spectateur en oublie ses craintes. La chute n’en est que plus brutale…

Après ce ballet qui secoue par sa violence finale, le Loup (argument de Jean Anouilh et Georges Neveux) pouvait laisser perplexe. Serait-ce du même acabit ? Et ce d’autant que les costumes chatoyants des badauds de la fête foraine apportent un air plus gai que la grisaille du bal musette… Dès le début toutefois le loup apparaît, manipulé par un bateleur et une bohémienne. L’arrivée d’une noce et l’attrait du marié pour la bohémienne changent la donne. Le marié s’enfuit avec celle-ci, faisant croire qu’il s’est métamorphosé en loup, et la mariée repart avec le véritable loup.

Animalité et sensualité se confondent alors en un pas de deux sensuel quoique marqué par les hésitations du loup, appuyées par la musique d’Henri Dutilleux. L’amour contre nature de la mariée pour le loup semble voué à une fin tragique…. Intuition vérifiée par la battue des villageois et la mort du loup et de la mariée.

Un très beau ballet, intense, prenant où la femme joue un rôle moins négatif :à une bohémienne manipulatrice et tentatrice s’oppose une mariée aimante, une fois la frayeur passée, mourant avec le loup.

Nicolas Le Riche dans Le jeune homme et la mort

Une femme vénéneuse surgit. D’une beauté inquiétante, elle le tente et le repousse à la fois. Celui-ci se pend. La mort apparaît alors, il s’agissait de la jeune femme…

Très beau spectacle, remarquablement bien joué avec une forte présence des danseurs. Un choix loin des ballets classiques, splendides par ailleurs, qui renvoie chacun d’entre nous à sa condition de mortel, à ses questions existentielles sur la brièveté et la fragilité de la vie…

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