« J’aspirais à capter toute la beauté qui se présentait devant moi et finalement, cette aspiration a été satisfaite ».

Avis aux amateurs de photographie onirique, à l’atmosphère proche des Préraphaélites! L’exposition Julia Margaret Cameron – capturer la beauté au Jeu de Paume est pour vous!

C’est une exposition que j’attendais avec impatience: première rétrospective de cette ampleur consacrée en France depuis 40 ans, la scénographie nous plonge dans l’univers de Julia Margaret Cameron, qui côtoya notamment le peintre Dante Gabriel Rossetti, l’un des fondateurs du mouvement préraphaélite et dont l’inspiration est forte. Le Jeu de Paume nous entraîne dans son œuvre centrée sur la figure humaine, de ses premières expérimentations aux compositions historiques, littéraires ou allégoriques figuratives, en passant par les portraits de ses contemporains.

Née en 1815 à Calcutta et décédée en 1879 à Ceylan, Julia Margaret Cameron eut une carrière photographique tardive (elle commença à 48 ans) et courte (12 ans). Son appareil photographique était une chambre sur pied, de grande dimension, et les négatifs utilisés en verre: leur sensibilisation devait être effectuée juste avant la prise de vue, à la main, en y étendant une solution liquide appelée collodion. Le procédé était complexe et les risques d’accidents techniques réels. La photographe laissait d’ailleurs souvent apparentes les rayures, bavures ou traces de son travail sur les négatifs et les épreuves. Les influences religieuses, littéraires et culturelles sont fortes, ses mères et enfants ressemblant davantage à des Madone à l’Enfant et le cadrage flou confère à ses photographies une présence et une touche proches de la peinture. Critiquée de son vivant pour la liberté dont elle faisait preuve à l’égard des conventions photographiques de son époque, tout en étant admirée pour le caractère de ses portraits, Julia Margaret Cameron était une pionnière du gros plan, et ses photographies ont une intensité rare. Excentrique et autoritaire elle n’hésitait pas à réquisitionner ses proches pour les faire poser. Sa petite nièce l’écrivaine Virginia Woolf évoquait sa « vitalité indomptable ». On la retrouve sublimée dans ses portraits à l’intensité rare.

Anne-Laure FAUBERT

Jeu de Paume – Jusqu’au 28 janvier 2023

Lundi : fermé
Mardi : 11h – 21h
Du mercredi au dimanche : 11h – 19h