« Le but de prendre des photos est de ne pas avoir à expliquer les choses avec les mots ».
C’est une exposition dont on ressort le sourire aux lèvres. En effet, le photographe américain Elliott Erwitt, né Elio Romano Erwitz en 1928 à Paris de parents émigrés russes, a une manière bien à lui de capter son temps et de nous montrer le caractère cocasse de certaines situations. Il grandit à Milan et à la veille de la Seconde guerre mondiale sa famille émigre aux Etats-Unis où il étudie la photographie et la réalisation de films au Los Angeles City College puis s’installe à New York en 1948 où il fréquente la New School for social research.
Si le visuel de communication choisi pour la rétrospective Elliott Erwitt est celui de deux paires de jambes (canines et humaines) et d’un petit chien, cette photographie prise à hauteur de chien nous montre, outre son amour des canidés, une vision du monde pleine de charme.

L’exposition Elliott Erwitt au musée Maillol, est divisée en deux parties, la première dans les étages est consacrée au noir & blanc – ses clichés personnels – et la seconde, au rez-de-chaussée, à la couleur et les travaux de commande. La distinction est en réalité théorique puisqu’il combine activité artistique et commerciale et ajoute sa touche à ses travaux de commande. La scénographie de l’exposition est inspirée de la charte graphique Kodak.
Dans ses thèmes de prédilection le visiteur retrouve les plages – qui sont pour lui le théâtre de la vie et dont il se sert pour caractériser les différences nationales et se moquer avec tendresse de l’être humain – mais également les couples « the-man-woman thing », les scènes de rue, les femmes et les chiens – « le point de vue du chien » l’intéresse et Elliott Erwitt les considère comme de vrais mannequins professionnels, plus diversifiés que les mannequins humains. Il construit également ses images entre des lignes verticales et horizontales et travaille aussi sur des lignes obliques, des points de fuite et des ombres. Ainsi l’image de l’homme au béret sur son vélo est équilibrée par l’horizontal de la baguette.
J’ai beaucoup aimé ses scénettes et notamment celle du transat au bord de la plage : en 2 ou 3 images, intéressé par le cinéma, il invente une scène et invite le spectateur à imaginer la suite. Le point de vue des chaussures et notamment au rez-de-chaussée le cadrage du chat avec les jambes rappelle le bas scandale de René Gruau. Elliott Erwitt traite par ailleurs de la même façon les personnes connues et inconnues… Ainsi, le Che, Kennedy, Marilyn Monroe apparaissent dans leur intimité, loin des photographies posées.
Une exposition à découvrir en suivant les traces de chiens au sol… Reste à savoir si votre ami à 4 pattes y sera admis…
Anne-Laure FAUBERT
Jusqu’au 15 août 2023 – Musée Maillol – Paris VII°