Opéra-Bastille, 26 mai 2014: Le Palais de Cristal de Georges Balanchine (1947) sur la Symphonie en ut majeur de Georges Bizet (1855), costumes de Christian Lacroix; Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied (création) sur la musique éponyme de Maurice Ravel (1912), scénographie de Daniel Buren. Direction musicale des deux ballets: Philippe Jordan
Le palais de cristal de Balanchine fait tout de suite penser à son ballet Joyaux (1967), bien que postérieur: éclat des costumes rouges (premier mouvement), bleus (deuxième mouvement), verts (troisième mouvement) et roses (quatrième mouvement). Christian Lacroix reconnait d’ailleurs qu’il avait ce ballet à l’esprit même si son inspiration provient des cartons originaux du Palais de Cristal.
Le spectateur en a plein les mirettes. Côté chorégraphie, comme souvent chez Balanchine, pas d’argument mais de très belles chorégraphies qui mettent en valeur à chaque mouvement un couple: Ludmila Pagliero / Karl Paquette dans le premier, Aurélie Dupont et Hervé Moreau dans le second, Valentine Colasante et François Alu dans le troisième et, au pied levé, Nolwenn Daniel et Alessio Carbone dans le dernier. Aurélie Dupont et Hervé Moreau subliment la pièce tant par l’osmose de leur danse que par la sensualité et la finesse qui s’en dégagent.
Un très beau ballet graphique comme souvent chez Balanchine.
Daphnis et Chloé de Millepied s’ouvre sur un rideau de rayures noires et blanches typiques de Buren avant de nous laisser entrevoir des formes géométriques. L’Antiquité de Buren reste de l’ordre des idées: tout est suggéré par des carrés, losanges, rectangles… Les costumes sont « antiquisants » dans la forme, un peu moins dans les couleurs de la troisième partie: une débauche de jaunes, bleus… qui font écho aux formes de Buren. Inspiré de la pastorale antique de Longus, ce ballet raconte l’éducation sentimentale de deux jeunes bergers Daphnis et Chloé que tentent de séduire Lycénion et Dorcon avant que Bryaxis n’enlève Chloé. Si la fin est heureuse, le spectateur se perd dans certains méandres.
Je suis sortie de cette soirée perplexe: l’apport de la scénographie de Buren est faible, voire inexistante au début avant de prendre toute sa place lors de l’enlèvement de Chloé (Magnifique Laetitia Pujol toute en grâce et légèreté). La chorégraphie est belle mais finit par devenir lassante. Inspirée parfois de certains ballets de Béjart (Le sacre du printemps), j’ai du mal à définir l’empreinte Millepied. Les gens courent comme chez Keersmaeker ou Forsythe (influence de ses années américaines?), la symbiose avec la musique est forte (influence de son enfance sénégalaise et de la danse africaine?). Heureusement Mathieu Ganio danse un Daphnis très amoureux, Eve Grinsztajn une Lycénion tentatrice à souhait, Laetitia Pujol une jeune femme ingénue, Marc Moreau un Dorcon « déniaiseur » retors avant que Pierre-Arthur Raveau n’apparaisse en Bryaxis chef des pirates conquérant et dominateur, attitude un brin cabotine qui persiste lors des saluts ; )
j’y vais demain soir, je suis très réservée sur les chorégraphies de Mille pied j’espère être moins déçue que pour son L.A Dance project !
Je ne suis pas fan non plus de ce chorégraphe. Il y a quand même quelques beaux passages dans Daphnis et Chloé mais je ne perçois pas sa « patte » personnelle…