Expo Monet: rentabilité et démocratisation

Le Monde d’hier , en mentionnant un chiffre de 920 000  visiteurs, inscrit la rétrospective Monet dans la cour des grandes expositions: c’est la deuxième exposition ayant attiré le plus de visiteurs en France après Toutankhamon et son temps, en 1967 au Petit Palais. Mais cette-dernière avait duré près de sept mois (contre 3 mois pour Monet) pour un total de 1,2 millions d’entrées. En outre, les bénéfices de l’exposition avaient servi à la sauvegarde du temple d’Abou-Simbel, en Égypte, menacé de disparition par la mise en place du barrage d’Assouan.

Au delà des chiffres et de la manière de compter – par exemple y étant allée 4 fois, ai-je été comptée 4 fois ou une? à l’entrée (où ma carte ne fonctionnait pas) ou à la sortie? –  deux questions se posent : démocratisation et rentabilité.

Programmer Monet, ou une des 8 autres expositions (hors Toutankhamon) ayant rencontré le plus de succès comme celles sur Renoir, Manet, Lautrec et Gauguin répond à une double stratégie:

Rentabilité : ces expositions concernent, comme le rappelle Le Monde, un seul siècle – du milieu du XIXe au milieu du XXe et s’inscrivent dans la « voie royale » : impressionnisme, postimpressionnisme, avant-gardes jusqu’à Kandinsky. Ces peintres nous sont familiers, qu’ils aient été reproduits sur des puzzles, des boites à gâteaux ou dans des manuels de classe. C’est donc l’occasion de faire salle pleine.

Démocratisation: qu’on le veuille ou non, la culture reste quelque chose de socialement distant où l’éducation joue un rôle important. C’est en traînant un enfant ou un ado dans les musées qu’on le sensibilise – ou non- à l’art. Même si sur le coup il s’ennuie, il saura par la suite que ce monde existe et au lieu de passer son samedi à errer dans les centres commerciaux, ira peut-être voir une comédie musicale, une expo… Mais pour y être sensibilisé, encore faut-il qu’il puisse voir des oeuvres qui lui « parlent ».  Ces expositions « grand public » jouent pour moi notamment ce rôle.

Contrairement à certains qui défendraient un accès élitiste à la culture, je pense que ces expositions- tout comme les grands ballets ou opéras que sont Le lac des cygnes, Tosca, Carmen… – sont nécessaires pour 2 raisons au moins:

– emmener le plus de monde à la découverte de l’art, ce supplément d’âme qui nous transcende

– permettre par les bénéfices engrangés de continuer à monter des expositions plus « pointues », des ballets ou des opéras moins connus qui seront probablement déficitaires.

Sans que l’un ne se fasse au détriment de l’autre…

Ces réflexions valent en outre pour les expositions, moins pour les opéras, comédies musicales et ballets. En effet, plus une pièce est classique, plus son prix sera élevé (effet rentabilité), empêchant à tout un chacun d’y accéder. En revanche, une pièce moderne sera souvent l’occasion de réductions afin de remplir la salle (cf mon billet sur Mathis le peintre, mais également les offres récentes de l’opéra de Paris pour le ballet Caligula)…

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