Seydou Keïta au Grand Palais : la naissance de la photographie africaine

Avis aux amateurs de grands portraits en noir et blanc ! Le photographe malien Seydou Keïta est exposé jusqu’au 11 juillet au Grand Palais. Une réflexion intéressante sur la représentation des Maliens par eux-mêmes, sur la dualité et la naissance de la photographie africaine…

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Seydou Keïta – Sans titre, 1959 (Autoportrait) Tirage argentique moderne réalisé en 1994 sous la supervision de Seydou Keïta et signé par lui.© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy

Pour comprendre la force de ces photographies, il faut les replacer dans leur époque. Vecteur de propagation de l’aventure coloniale, la photographie représente souvent « l’indigène » dans des situations types, échantillon anthropologique d’une tribu ou d’une catégorie de population.

Seydou Keïta rompt avec ces stéréotypes pour aborder ses clients en buste légèrement de trois quart ou en pieds, et la diagonale pour magnifier des êtres humains vêtus de boubous ou de vêtements occidentaux. De sujets ils deviennent des personnes.

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Seydou Keïta -Sans titre 1949-1951 -Tirage argentique moderne réalisé en 1997 sous la supervision de Seydou Keïta et signé par lui.© Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy

Il essaie de les présenter sous leur meilleur jour, leur prête des accessoires, du chapeau à la voiture, symbole de richesse et d’ascension sociale. Il travaille aussi sur la musique en plaçant des postes radio comme supports ou fonds. Aux vêtements occidentaux de certains modèles s’opposent certains fonds colorés. Une construction révélatrice de de la fin de la période coloniale…

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Seydou Keïta – Sans titre, 1949-1951 – Tirage argentique moderne réalisé en 1998 sous la supervision de Seydou Keïta et signé par lui. © Seydou Keïta / SKPEAC / photo

Keïta n’est jamais allé à l’école et a appris la photographie de façon autodidacte, après avoir reçu en cadeau de son oncle en 1935 un appareil Kodak Brownie.

Est-ce parce qu’il eut 6 femmes et 21 enfants ou parce qu’il travaille en pleine décolonisation (il ferme son studio en 1962 pour devenir photographe officiel du gouvernement) qu’il s’intéresse autant aux ressemblances et différences ? Par le jeu de ses accessoires, il se dégage de ses portraits une grande homogénéité. On reste rêveur devant ces grands portraits en noir et blanc et la force qui s’en dégage.

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Seydou Keïta – Sans titre, 1950 – Tirage argentique moderne réalisé en 1998 sous la supervision de Seydou Keïta et signé par lui. © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC

En contrepoint, le photographe travaille sur la dualité des êtres représentés : position des mains de ces deux épouses du même homme, jumeaux bébés portant une perruque, groupe de jeunes gens vêtus à l’occidentale mais se détachant par leur caractère propre. On est loin de l’inquiétante étrangeté de Diane Arbus…

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Seydou Keïta – Sans titre, 1952-56 – Tirage argentique moderne © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC

Seydou Keïta (1921-2001) – Grand Palais – galeries nationales – Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais avec la participation de la Contemporary African Art Collection – The Pigozzi Collection

Jusqu’au 11 juillet 2016

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