Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu une exposition aussi exigeante intellectuellement.
Une exposition qui mobilise des connaissances religieuses (l’impact de la Réforme), historiques (lieux de mémoire, naissance des nationalismes au XIX°s…) et sociales…
L’exposition « De l’Allemagne » reprend le titre d’un livre de Mme de Staël où elle y dépeignait une Allemagne sentimentale et candide, image ayant eu une grande influence sur le regard des Français sur l’Allemagne durant tout le XIX° siècle.
L’exposition regroupe des œuvres du XIX°s à l’Entre deux Guerres et montre les différents courants artistiques dans un pays en cours d’unification.
Les guerres napoléoniennes et les divisions en résultant ravivent celles occasionnées par La Réforme. A une peinture se tournant vers l’Antiquité, et notamment la Grèce – l’Allemagne se veut Apollonienne – succède une peinture romantique (importance de la nature et des éléments), néogothique (le Moyen-âge est vécu comme un âge d’or avant les divisions occasionnées par la Réforme) avant de devenir plus expressive (« dionysiaque ») et expressionniste. L’Allemagne étant en cours d’unification, des lieux de mémoire se créent comme la cathédrale de Cologne, construite plusieurs siècles auparavant et enfin achevée au XIX°s… (Il y a 9 ans, j’avais fait un exposé où je comparais Notre Dame de Paris et la cathédrale de Cologne…).
Un parcours qui fait appel à une culture générale solide. Si personnellement je n’ai aimé ni les tableaux de Kiefer qui ouvrent l’expo, ni les courants « dionysiaque » et expressionniste, je n’avais pas vu d’exposition mobilisant autant de connaissances depuis La Sainte Russie au Louvre en 2010… Dommage cependant qu’il n’y ait que des peintures et des dessins. Des photographies ou représentations des châteaux de Louis II de Bavière et des passages de Wagner auraient permis d’avoir un panorama plus complet de cette période charnière pour l’Allemagne;
Une exposition à voir donc, que l’on soit germaniste, ou non!